“La panne est une sensation, celle de tout le corps décrochant de la cadence”
Entraîné dans cet engrenage, ce rude univers, un univers dont je ne voulais pas faire partie. Fatigué, épuisé, je n’ai plus aucune force mais je sais que je dois continuer pour lui. Lui, qui n’est plus ouvrier mais obéissant de ces machines qui gueulent à longueur de nuit en ne me laissant aucun répit. Avide d’énergie dans ce milieu violent qui me pousse à l’écroulement. Je dois tenir, ne pas céder à la fatigue, aux coups, aux douleurs que j’endure. Je ne peux pas m’écrouler pour mon âme qui persévère. Je perds le contrôle, noyé dans ces mouvements répétitifs, et qui me paraissent infinis. Je me formate: allez, tu vas y arriver, n’abandonne pas. Je suis soldat de mon opérateur ! j’obéis et je n’ai pas mon mot à dire. Obéir, je ne fais que ça. Je faiblis, je décline, prêt à capituler. Je ne veux qu’une seule chose, le repos. Cette chose qui paraît inaccessible lorsque j’en ai tant besoin. Chaque partie de moi-même défaille peu à peu, je veux pouvoir dire stop, stop à tout ce travail de nuit, moi, le corps de Thomas.
Consigne : p. 37 : “La panne est une sensation, celle de tout le corps décrochant de la cadence”
Donnez la parole au corps de Thomas pris dans l’engrenage du travail de nuit, en décrivant tous les changements qui s’opèrent en nuit depuis l’embauche à l’usine.
“Worker in an industrial factory” by World Bank Photo Collection is licensed under CC BY-NC-ND 2.0